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Char Rio de Feu

Char Rio de Feu

 

(Puzzle série 4 - pièces mobiles)

 

 En ce jour du 1ᵉʳ mai de l’an cybernétique 2024, devant la mue gaie de mes compatriotes, en pleine transe galactique, faisant sonner leurs cloches au milieu d’un sain enclos couvert de jolis petits maillages aériens, révérant la torture du salariat, le travail des enfants dans les mines et la soumission de l’Homme par des Entités sans âme, j’étais habité par l’effervescence d’un blanc cachet d’aspirine, d’une pâle pilule agitée par la grande entreprise létale, Big Pharma, qui contribuait au juste équilibre eugéniste et hygiéniste — car les bipèdes pissaient partout ! — grâce à son action salvatrice en faveur de la sénescence de l’espèce, voie royale d’une obsolescence programmée, vers l’avènement d’un Transhumanisme décomplexé qui ouvrait la porte des étoiles à un paradis artificiel, un eldorado pour gogos, un zoo en braille réservé à des aveugles cacochymes et spleenétiques !

 

En proie à cette extase mystique d’une intensité primaire, des pensées pipées se mirent à coloniser ma laine et mon cortex de bovin qui adorait respirer au cul des avions à réaction en chaîne rependant le grué farineux sur le dos d’âne de moutons-pigeons pris dans une partie endiablée de « Jacques a dit » ou bien de « chifoumi » ; leur annulaire dirigé vers la lune de leur congénère, ils tentaient de suivre, en grattant leur guimbarde, le rythme d’un eczéma atopique, les notes poivrées d’une salsa proche de la parade nuptiale d’un bonobo, un brin bonhomme, dont la bonté me poussa vers les orties de la contemplation, mécanique et narcissique, de mon identité fragile tanguant de la voile lactée à la vapeur d’eau bénite en passant par la coque câline d’un bateau ivre, se pétant la proue, le mât dans la poudreuse, tombant, telle une nef breloque houleuse, de Charybde en Scylla, avant de larguer son périscope au pied de l’Île d’Aya, sultanat aquatique d’une Afrique japonisante !

 

Sur cet archipel de la Transition, des autochtones, peau cuivrée, à la voix métallique, me percèrent la boîte crânienne, afin d’y déposer un dispositif fraternel relié à un grain de riz qu’ils avaient préalablement implanté, avec une sveltesse de porc grippé, dans ma main droite.

 

Par conséquent, tatoué jusqu’aux neurones, avec une puce de lit dans la citrouille — par tous les saints chamaniques de cette Tribu des Damnés —, télécommandé par une figure archétypale énigmatique, Klaus GRAEL, je devins le premier Trans Humain au sein d’un nid de cyborgs bohémiens connectés au continent du NOM par un sémillant esprit de ruche à faire pleurer les abeilles streameuses, les bourdons foncedés et les guêpes taillées comme des déménageurs bretons, toutes les chimères endémiques de ces régions qui jadis dessinaient la Gaule !

 

Oui ! Le réchauffement climatique et la technologie entropique des druides prophylactiques avaient libéré Gaïa de ses parasites : un coup de bombe sur la trombine des belligérants cafards complotistes et tout repart comme en 40 !

 

Maintenant, sur mon tas de sable, entouré de Robots Queen — perchés sur des talons de gladiateurs pompettes — grâce à mon passe « no vie go ! », sur simple apposition de ma main, j’ouvre la porte de ma hutte en bambou, j’envoie des signaux de fumée à d’ascétiques pyromanes se nourrissant d’amour et d’eau fraîche, et, surtout, mes pensées me sont soufflées par une intelligence superficielle qui ressemble à une grande tondeuse affublée d’une perruque queer ; elle seule me dicte, à l’aide d’une télépathie astrale, mon plan de vol quotidien, l’alliance magique entre le guidage bébête — par voie intraveineuse — couplé à l’impulsion d’un laser de Jedi, fusionné à la dérouillée d’un Reptilien qu’on n’aurait pas écaillé, depuis sa naissance !

 

Aussi, à bord de ma Nouvelle Terre 5 G, à l’acmé de la liesse en laisse léchant mes escarpins polymorphes à bascule quantique, sur mon char « Rio de Feu », j’ai envie de vous chanter : « On s’en balek ! Bella Vita et Bonjour, chez vous ! ».

 

Stéphane, le 4 mai 2024

 

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